Serait-ce devenu un dogme dans la messe du football congolais, cette doctrine peut-être papale utilisée en chorégraphie au pays de Shabani Nonda. Toute la nation s’est choisie le dispositif 4-3-3 ainsi que ses variantes pour faire circuler le ballon rond. Leopardsactu a constaté pour vous une uniformité tactique des entraîneurs congolais qui ont fait des couloirs les atouts principaux en phases offensives zappant presque le jeu axial porté par la maestria d’un métronome pouvant créer le jeu.
C’est au chœur d’un hexagone d’analyste que nous avons tenté de savoir pourquoi ce système a glissé ses tentacules dans les préférences des tacticiens des clubs du pays qui ont à leur tour enracinés le jeu de couloir dans l’ADN du sport roi made in RD Congo : 4-3-3 d’accord, mais la tendance des couloirs prédominent éperdument le jeu et nos six consultants de l’occasion tentent de nous expliquer les comment des pourquoi :
•Les raisons de la préférence des ailes
SYLVIE MEYA( Journaliste à Top Congo FM et présidente de la commission presse de la Linafoot) :
Le 4-3-3 est considéré par plusieurs comme étant l’organisation parfaite dans le football. C’est une copie améliorée du W-M qui avait été le premier dispositif à être utilisé. Dans ce système, c’était la prédominance athlétique. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons tendances à voir des joueurs de couloir se distinguer. Nous utilisons le 4-3-3 entre autre parce que ça parait être le système le plus facile.
ISAAC NGATA ( entraîneur de Dcmp) :
Ce n’est pas question de facilité, mais pour apprendre d’autres systèmes, il faut travailler dès le jeune âge afin d’atteindre des automatismes. Notre football n’a pas une préparation des jeunes, en conséquence, on joue « comme on joue« . Les joueurs sont récupérés à l’âge de 19 ou 20 ans, à partir de cet âge, on a plus le temps matériel de travailler des systèmes et donc, on s’habitue au 4-3-3. La morphologie des joueurs que nous avons favorisent le jeu rapide sur les ailes.
FONSECA MANSIANGA( Rédacteur sportif au site Actualité.cd):
Nous souffrons du manque des meneurs de jeu. Nous n’avons plus de Matumona Room ou encore de Mputu. Avant; il y avait des vrais meneurs de jeu. Lorsque ça ne marchait pas sur les couloirs, le numéro 10 pouvait débloquer avec des passes en profondeurs et du jeu à une touche de balle vers l’avant-centre ou soit vers un autre coéquipier. Nous avions des numéros 10 capables de plonger derrière les défenseurs pour marquer à la Ricardo Kaka.
Dans toutes les équipes, nous manquons de numéro 10 pouvant jouer le rôle de pourvoyeur de ballon pour l’avant-centre et les ailiers. La formation pose problème chez nous. Les grands clubs forment leurs propres stars pour l’avenir. Pendant que nous nous contentons des petits qui évoluent dans des différents terrains qui ne remplissent pas les conditions minimales pour jouer au football. Nous ne formons pas les jeunes, nous misons plus leurs talents innés, nous n’apportons pas de valeur ajoutée sur le talent qu’ils ont.
BRUNO BLA( Entraîneur au Congo depuis les années 1990)
En RDC, les coaches font les mêmes entraînements, il n’y a aucun progrès. Au-delà des basiques, il faut extrapoler, il faut progresser. Chaque entraînement, c’est pour faire progresser les joueurs. Certains entraineurs ont progressé mais il reste encore beaucoup à faire. Lorsqu’on défend en espace réduit, on doit attaquer en espace large et l’on doit obligatoirement passer sur les côtés via un latéral qui sera couvert par le libérot. Le football est dynamique, et il faut s’adapter chaque fois par rapport à l’adversaire.
•Avantages du jeu ailé
ALBERT MBAYA ( Journaliste à RT Hosanna Lubumbashi) :
Il permet à l’équipe d’être devant la cage de l’adversaire car ça fait sauter des lignes puisque les défenseurs ont plus tendance à sauter la deuxième ligne vers la troisième. L’equipe adversaire ne saura prendra le couloir du fait d’être au marquage des excentrés.
ISAAC NGATA
Dans un système de 4-3-3, il faut un numéro 10 jouant le rôle de 4e attaquant et pouvant créer le surnombre.
Vous aurez plus de percutions sur les côtés, ça vous ouvre les opportunités.
BRUNO BLA
Le football congolais n’a pas échappé à la vague du 4-3-3 qui impose des ailiers rapides et techniques pour centrer et/ou marquer comme Kasongo Korando. Ça permet de marquer beaucoup de buts avec des ailiers qui ont du coffre.
SYLVIE MEYA:
Le jeu de couloir amène la percussion, les dédoublements et les surnombres. Les attaques se multiplient quand on a des mangeurs de lignes. Il y a des centres pour alimenter l’avant-centre et si les excentrés savent repiquer dans l’axe, ils peuvent se créer des occasions.
ANDY MFUTILA( entraîneur de Sanga Balende)
En fonction du dispositif adverse, l’ailier peut s’adapter selon qu’il peut s’agir du côté fort ou ouvert de la défense adverse, quand il est gêné, il peut bénéficier de l’apport du latéral lancé qui peut dédoubler et faire la différence. Si l’ailier se démarque vers l’intérieur le flanc libéré peut être exploité par le latéral.
•LES LIMITES DU JEU BASCULE SUR LES COTES
FONSECA MANSIANGA:
A défaut d’avoir des numéro 10 purs, les entraineurs se contentent de reposer leurs espoirs sur les ailiers que nous ne manquons pas chaque saison. Comme il est dit en football, Les stars ne naissent pas chaque année. l’Argentine par exemple, cherche encore son nouveau Maradona, la France est toujours à la quête de son nouveau Zidane, un néo Pele est recherché par le Brésil.
BRUNO BLA
Toutes les équipes ont compris qu’il faut jouer avec des ailiers, des vrais; capables d’arpenter leur couloirs, des ailiers qui accélèrent.
SYLVIE MEYA
Quand l’équipe adverse sait bloquer les couloirs, ça devient difficile d’évoluer. Les joueurs développent des qualités pour ce système et s’adaptent difficilement à d’ autres dispositifs.
Les entraineurs sont obligés de choisir les ailes car la qualité des joueurs les y obligent vu la rareté des Matumona Room, Mbayo Sila, Mputu Trésor qui sont des joueurs en plein disparition.
ALBERT MBAYA
il faut avoir un attaquant de pointe capable de jouer dos au but et apte à aller très haut pour dévier les ballons. Avec cette variation des longs ballons pour trouver les ailiers, l’équipe ne peut pas faire tourner le ballon, car il n’y a pas un dépositaire du jeu. Les attaquants de soutien sont tués. En RD Congo, nous ne nous appuyons pas sur les attaquants de soutien, parfois même, ils sont placés comme excentrés.
Sans ballon, les ailiers doivent quitter leurs couloirs, transformant le dispositif qui bascule en 4 4 2. Pendant que le numéro 10 peut marcher tout simplement, cas de Lionel Messi.
ISAAC NGATA:
Le jeux est stéréotypé, les équipes savent comment elles jouent les unes des autres. Le vainqueur sera celui qui aura plus de détermination et de qualité technique via les individualités.
On est obligé d’avoir des joueurs types à tous les postes, et il faut doubler, voire tripler les postes. Cela fait que parfois nos effectifs sont dégarnis en milieu de terrain.
Si votre adversaire joue bien au ballon au milieu de terrain vous risquez de faire souffrir vos joueurs. Si votre attaquant de pointe n’a qu’un style de jeu, ça devient compliqué
•SOLUTION POUR VARIER LE JEU
ISAAC NGATA
La meilleure solution, c’est celle qui marche le mieux. Si en RDC, le jeu de couloir paie, donc c’est la solution. Mais il faut donner des opportunités à nos joueurs d’essayer autres choses. Ce système sera sous peu obsolète. De nos jours, beaucoup jouent avec 2 attaquants dans l’axe.
FONSECA MANSIANGA
La complexité de cette situation trouve solution dans le talent, la formation, l’organisation du football Congolais via la direction technique nationale, la formation des entraîneurs, la conscience des joueurs, l’environnement. Nous pouvons relever le defis, si nous commençons à travailler dès maintenant. Malgré qu’on peut avoir des milieux relayeurs qui promettent, il faudrait que chaque joueur suive son hygiène de vie.
ALBERT MBAYA
Les équipes se retrouvent en difficulté. Elles jouent de la même manière. Une fois que vos adversaires décortiquent vos jeux en séance vidéo, vous serez bloqué. L’une des solutions serait de varier le jeu, afin de permettre à tous les joueurs de s’exprimer et aux artistes de réaliser des créations d’éclat.
•En somme toute
Par cet article réfléchi, leopardsactu.com a réuni des tacticiens de plusieurs rives afin de confirmer la thèse selon laquelle le football congolais se joue pareillement. Entre facilité du dispositif, manque de formation des joueurs, passivité de la direction technique nationale, rareté des maestro ou même l’hygiène de vie des premiers acteurs du sport roi ; les mangeurs de ligne offensifs et defensifs sont les plus utilisés dans le 4-3-3 devenu national.
Sur des terrains pourtant plats, les ballons ont tendances à basculer sur les cotés, pendant ce temps, les milieux offenifs axiaux vivent, vivent-ils ?
Arsène Kayumba Bustany