Dans une sélection nationale, contrairement d’un club, tout va vite, peut-être même très vite. La volatilité des forces en présence fait que la constance d’un groupe, à la disposition d’un sélectionneur soit une réalité relevant d’une chimère. Ces fluctuations se posent encore avec plus de densité dans des sélections en reconstruction ou en reconstitution. Les portes d’entrée de ces sélections sont battantes.
Repères historiques
Une décennie de passion et de rêve sous Florent Ibenge passée, les Léopards ont connu une forme de cassure, provoquée brusquement par la tragique élimination à la CAN 2019, à l’étape de huitièmes de finale par Madagascar. Depuis lors, la FECOFA, en quête d’un nouveau projet sportif, bâti sur du renouveau et de l’efficace, a essayé Christian Nsengi, ensuite Hector Cuper, avant de se rabattre sur Sébastien Desabre, connu pour son sens aigu de rigorisme. Sur fond du sérieux et au creux des compétences, les résultas semblent suivre. ( 3 matchs officiels, 2 victoires et un nul qui ne serait jamais arrivé).
Effet Desabre
Clairement, il y a un progrès, que ce soit sur l’aspect exogène (le changement de perception extérieure) et même du point de vue endogène ( le travail de fond). « Tout a changé parce qu’on sent en Sébastien Desabre du sérieux. Les joueurs sont prêts à mouiller le maillot. Ce n’était pas le cas avant« , a avoué Chancel Mbemba. D’autres nouveaux et anciens ont également eu le même angle d’orientation argumentatif.
Le dilemme est que, et c’est souvent ce que la plupart des supporters de la sélection congolaise, caractérisée par un hédonisme vorace, ne voient pas, c’est le fait que Sébastien Desabre a un esprit écartelé vers le « moyen terme et l’immédiat« . Chaque match est une pierre à usage double. Au désir revanchard des congolais de voir leur sélection re-tenir son rang sur tous les échiquiers, s’echafaude aujourd’hui, et inexorablement la perspective 2026, où Desabre veut être aux États-Unis, au Canada ou au Mexique à la coupe du monde.
La problématique de cette ambivalence (cet entrechoc entre l’immédiat et le moyen terme), c’est la perte du but final, à force de vouloir assurer le présent. Scientifiquement, le philosophe grec, ZENON explique clairement la complexité de cette controverse. « Pour qu’une flèche atteigne sa cible finale, il faut qu’elle parcourt d’abord la moitié du chemin de cette cible. Mais alors, pour atteindre la moitié du chemin de cette cible, il faut déjà qu’elle parcourt la moitié du chemin vers cette motié, ainsi de suite…et finalement, la flèche finit par ne jamais atteindre sa cible initiale. »
Alors que, selon son contrat, signé avec la FECOFA, Sébastien Desabre devrait être apprécié sur fond de l’horizon 2026, les réalités de l’immédiat et de l’urgence des résultats, voudraient qu’il le soit tout de suite. « Oui, il faut gagner dès maintenant, et demain, et le lendemain« , clament les congolais, qui, à force de contre-performances, sont devenus intransigeants face aux défaites. 2026, c’est loin. Il faut donc mettre des joueurs prêts, aguerris, prêts au combat, pas des jeunes morveux qui ne savent rien d’un match des vrais garçons (lol).
Sauf que, partout, et pas qu’en RDC, il s’observe cette fluctuation de l’effectif régulièrement constatée à chaque trêve. La colonne vertébrale de l’équipe nationale est peut-être déjà toute trouvée, reposant sur des cadres comme Chancel Mbemba, Arthur Masuaku, Samuel Moutoussamy, Gaël Kakuta et Cédric Bakambu, autour desquels se meuvent les arrivants, quasiment à chaque fenêtre internationale. C’est donc le moment de la redistribution des cartes. L’occasion de cravacher pour grapiller quelques places, à défaut de les perdre pour du bon.
La deuxième partie de cette étude consistera au décryptage des cartes en redistribution dans la sélection congolaise.
Gaéthan KOMBI