La force d’une sélection, elle repose également sur la concurrence en son sein, une fois que celle-ci est bien entretenue, positivée et capitalisée. Dans la tanière des Léopards, mis à part les joueurs cités ci-haut, nul n’a une place de titulaire assurée.
Ôte-toi que je m’y mette
Constatez avec moi que, miraculeusement sur toutes les lignes, il y a un semblant de redistribution des cartes. Au point que, des interrogations autour de la hiérarchie commencent à exuder.
1. Au poste de gardien de but :
Pas plus tôt qu’il y a 6 jours, Siadi Baggio, auteur de deux arrêts haut de gamme et un match parfait contre l’Ouganda, a pris de l’avance sur tous ses concurrents. Laissant transparaître même une « inopinée » titularisation face au Gabon. « C’est un jeune gardien qui bosse bien, malgré l’absence du championnat. Sur les deux cleen sheat que j’ai obtenus entant que sélectionneur de la RDC, je retiens que c’était avec Siadi dans les perches », dithyrambisait même Désabre à la fin de la rencontre amicale.
Mais non, c’était Lionel Mpasi la carte du technicien français contre le Gabon. Un peu risqué quand-même, au vu de la folie qu’avait déclenchée le match du portier de Mazembe, trois jours auparavant. Ne voulant rien laisser, sans doute animé par la hargne de devenir numéro 1 pour les dix prochaines années, au détriment d’un Joël Kiassumbua plus contesté que jamais, Lionel Mpasi a sorti le match de sa vie. 6 gros arrêts et une sérénité ébouriffante.
Opportunistes, les congolais à l’unanimité, jubilent d’avoir trouvé leur nouveau « Thibault Courtois ». Il vénère le jeune portier de Rodez, qu’ils érigent déjà au rang de « gardien titulaire » des Léopards, et ce sans discussion aucune. Les cartes se brouillent de nouveau dans les perches des Fauves, un fait rarissime, et l’on se demande même si, à la lumière de deux matchs livrés dans cette fenêtre de Juin, le premier, c’est à dire Kiassumbua n’est pas tout simplement entrain de devenir numéro 3, derrière Lionel Mpasi et Siadi Baggio, qui étaient ses subalternes.
2. Défense centrale :
Passé le cycle Marcel Tisserand, qui ne tient plus son portefeuille ministériel chez les Léopards, Christian Luyindama, éjecté après ses boulettes de Casablanca en 2021, une place est laissée à qui le méritera, aux côtés du « Seigneur Mbemba ». Qui peut jouer aux côtés du demi-dieu?
C’est l’une des grandes interrogations qui caractérise le renouveau constaté chez les Léopards, et qui triture sans doute le cerveau de Sébastien Desabre. Sauf que depuis quatre jours, l’homme à la chevelure et barbe blonds se fait moins de soucis sur cette énigme. L’arrivée convainquante de Dylan Batubinsika ne l’a-t-elle tout simplement pas déchiffrée ?
La robustesse du défenseur du Maccabi Haïfa, le même qui a fait deux bons matchs contre les galactiques du PSG cette saison en ligue des champions, dégage des certaines certitudes quant-au poste de back gauche de la défense centrale de la RDC. Son match plein face à l’Ouganda et ses débuts convainquants en officiel face au Gabon, où il a souvent mis en échec Pierre Emerick Aubameyang, sont une preuve de sa capacité à tenir la place vacante en défense centrale. Une chance que Merveille Bope et Ennock Inonga ont dernièrement galvaudée, Batubinsika semble l’avoir saisie de mains fermes.
3 Milieu de terrain
L’arrivée de Omenuke Mfulu, « Le profil de joueur que je recherchais, capable d’empêcher à la défense d’être souvent exposé », comme le décrivait Sébastien Desabre, pourrait être, peut-être pas pour tout de suite, mais pour un futur très proche, un tournant au milieu de terrain des Léopards. La doublette Tshibola-Mfulu, ayant été correct en amical face à l’Ouganda, d’aucuns réclamaient sa reconduction face au Gabon. Sauf que là, les Léopards avaient besoin de plus de velléités offensives. Samuel Moutoussamy a ainsi tenu sa place.
Le capitaine de Las Palmas est par contre venu rééquilibrer le milieu de terrain congolais, qui était brouillardeux avant sa rentrée. Sa présence, sa grinta et sa sobriété ont soulagé la défense et donné plus de liberté à Moutoussamy, qui a retrouvé son vrai profil de « play maker ». Deux matchs, que des satisfactions pour Omenuke Mfulu qui va, par la force des choses, améliorer sa visibilité en Liga Espagnol la saison qui arrive.
4. En attaque
L’autre question pendante, d’avant le match face au Gabon, et qui n’a malheureusement pas trouvé réponse lors de l’amical face à l’Ouganda, c’était celle de savoir qui allait remplacer légitimement Cedric Bakambu, suspendu. Ce qui est sûr, Desabre a essayé presque tout le monde, au point de rappeler Jonathan Bolingi de son pèlerinage en Thaïlande.
Sur les 210 minutes que la RDC a été obligée de jouer sans son buteur maison, plusieurs alternatives ont tourné. Une seule alternative semble aujourd’hui plausible, Fiston Kalala Mayele. On savait qu’il était dangereux, mais on doutait, peut-être d’ailleurs comme Desabre qui ne l’a lancé qu’à dix minutes du terme, de sa capacité à mettre K-O la défense gabonaise.
En compagnie de Chadrac Akolo, Fiston Mayele est rentré, comme avant-centre pur, rongeur d’espace et de profondeur, afin de faire monter le bloc congolais sur le reculoir. Chose qu’il a bien faite, à la perfection même puisque c’est de son génie qu’est venu le but du paradis.
Clairement, l’homme aux 14 buts en interclubs CAF la saison écoulée, a envoyé, par ce chef d’œuvre, un message clair à Bakambu. « Je suis là, Je peux! ».
Certes, le mercato estival va peut-être brouiller de nouveau les cartes. Il peut arriver qu’au mois de Septembre, l’ossature change de nouveau, pour plusieurs raisons dont les blessures par exemple. Cependant, contrairement à Hector Cuper, connu pour son conservartisme pragmatique, expliqué par l’attachement inébranlable du soxagenaire argentin aux vieux briscards (Mbokani, Tisserand,…), Sébastien Desabre lui, n’hésite pas à bousculer son effectif, une fois que la nécessité s’impose.
Un sélectionneur n’est pas un entraîneur pur. C’est plus un alchimiste dont la tâche est de créer une forme d’alchimie entre les éléments aux profils et qualités épars, entre des joueurs venus d’horizons divergents. Pour l’instant, Sébastien Desabre est entrain de bâtir une équipe, et il lui faudra plus d’un élément sûr à chaque ligne. Venez donc, les places sont à prendre dans la tanière, mais pas à n’importe quel prix.
Gaéthan KOMBI